Gloria Victis. Gloire aux vaincus

17/12/2020 - Lu 14380 fois
Gloria Victis, un monument de consolation par l'art

Dans une Europe où les grandes puissances sont en rivalité, la France déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870.

La coalition allemande domine. L'armée française recule et tente de défendre des positions comme Strasbourg et Metz ou encore Belfort et Paris. Les faits s'accélèrent : défaite de Sedan (1er septembre 1870) et effondrement de l'Empire de Napoléon III, proclamation de la République le 4 septembre, signature de l'armistice le 15 février et traité de paix de Francfort le 10 mai.

La jeune République est fragilisée : 139 000 morts, des prisonniers qui tardent à revenir, le drame sanglant de la Commune de Paris, 5 milliards d'indemnités de guerre, la perte des territoires de l'Alsace et de la Lorraine.

La "campagne terrible" a laissé des traces. La population ressasse une même honte d'un tel affront. Le sursaut est urgent. Il s'exprime notamment à travers le devoir de mémoire pris en charge par des associations patriotiques composées d'anciens soldats.

La cantate - André Augereau

Gloria Victis. Gloire aux vaincus.  Sculpture d'Antonin Mercié

Un monument de consolation par l'art

A Cholet, après la colonne du cimetière de Rambourg (1871) et la plaque posée dans la mairie (1897), les vétérans œuvrent pour un grand projet à la mémoire des Choletais morts pour la Patrie. Persévérants, ils se réjouissent d'assister le 13 juillet 1902 à l'inauguration du monument de l'actuelle place de la République.

Il est l'un des cinq en France à offrir une réplique de la célèbre sculpture d'Antonin Mercié datée de 1872. Le sujet est original : prenant son envol, une Gloire transporte vers les hauteurs célestes un jeune guerrier mourant.

Cette curieuse mise en valeur des vaincus trouve son sens dans les mots d'un critique d'art voyant dans cette sculpture "un monument de consolation par l'art".

Au-delà du réconfort, c'est le nationalisme et l'esprit de revanche qui animent tous les participants à la fête inaugurale. Après la Grande Guerre, le monument devient le lieu central de la vie patriotique, notamment les 14 et 15 septembre 1919 au retour victorieux des Poilus.

La colonne du cimetière de Rambourg

Un monument à la mémoire des mobilisés du Maine-et-Loire

A Cholet comme ailleurs, des associations patriotiques voient le jour pour fleurir les tombes et ériger des monuments. Les anciens du 29ème régiment de mobiles se révèlent actifs. Le 3ème bataillon de ce régiment était composé de jeunes gens de Cholet et des environs. L'un de ses officiers, le médecin aide major de 2ème classe Léon Pissot figurait parmi les notables de la ville. Au total, le 29ème a déploré de nombreuses pertes : 37 disparus, 19 morts sur les champs de bataille, 459 morts suite aux blessures et aux maladies, 76 blessés et 68 prisonniers.

Dès 1871 un socle surmonté d'une colonne brisée est dressé dans l'enceinte du cimetière de Rambourg à "la mémoire des mobilisés de la 2ème légion du Maine-et-Loire tombés au combat de Monnaie (37)". Mais quelques décennies plus tard, il est éclipsé par l'impressionnante construction de la place de la République.

Le monument est encore en place en 1932. Deux ans plus tôt, lors d'une visite de contrôle, un croquis avait été réalisé : c'est l'unique illustration existante. Ensuite, plus de traces, d'autant que le cimetière est fermé en 1954.

Entreposé et oublié de longues années, il est exhumé et inauguré sur son emplacement actuel en 1998… sans sa colonne.

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